Gagnant de l’Ours d’Argent au 65e Festival de Berlin, El Club de Pablo Larrain, l’un des réalisateurs chilien les plus renommé, nous plonge de manière à la fois latente et brutale dans un univers religieux où le passé pédophile hante chacun des personnages. ♥♥♥½
Un conseiller de crise est envoyé par l’Église catholique dans une petite ville de bord de mer du Chili où les prêtres et les religieuses disgraciés, soupçonnés de crimes allant de la maltraitance des enfants au drame familial, vivent isolées, après qu’un incident se soit produit. Ils devront faire face à leur passé et apprendre à vivre avec cet inconnu, ce conseille qui bouleverse leur quotidien tranquille en grattant les plaies temporairement refermées.
El Club, un passé trouble qui veut faire surface.
El Club est un film qui aborde de manière frontale les drames pédophiles dans le milieu religieux. La présentation de ces personnages au passé trouble est faite avec humaniste mais jamais sans nuances. Pablo Larrain caresse à la fois l’espoir d’une guérison, ou à la rigueur, d’une amélioration de l’état psychologique de ses personnages. Or, il touche aussi à leur peine, à leur remords ainsi qu’à leur impossibilité de revenir en arrière. On découvre rapidement le quotidien de ces anciens prêtres, entre prières et repas, mais l’espoir d’une reconnexion avec le monde se fait par l’entremise d’un chien de course qu’ils entrainent. Et ce chien, mis à part le symbole de reconstruction qu’il incarne, joue un rôle important dans la narrativité du film et nous emmène lentement dans les zones extrêmement sombres dans lesquels le film se conclue.
El Club, dernier film d’un réalisateur puissant.
Pablo Larrain fait de El Club un film d’une intensité incroyable. Sujet fort et d’actualité (l’opération Malaise et l’affaire Claude Jutras), mise en scène sobre et symétrique, image brumeuse et dense comme le passé des personnages, ce dernier opus du réalisateur chilien à de quoi ravir par sa puissance et sa maîtrise. Du grand art!