Eden: un paradis perdu

France, 2015

Note:★★

Novembre 1992, alors que l’eurodance est à l’honneur sur les pistes de danse, Paul (Félix de Givry) lui, s’intéresse à la musique garage issue du Royaume-Uni et forme avec son meilleur ami le duo de DJ Cheers. L’émergente naissance de la musique électronique française les conduira sur les plus grandes scènes de la capitale et d’ailleurs. Inspiré par la vie de Sven le frère de la réalisatrice et aussi coscénariste du film, Eden symbolise ces années d’insouciance avec le début des raves party avant que les DJ ne soient glorifiés en stars (David Guetta, Bob Sinclar).

On suit donc le parcours de Paul qui dans une première partie se découvre et en même temps se perd dans la tourmente de soirées qui font la part belle à l’ecstasy. Personnage plutôt fade sans réel caractère, il se laissera conduire par le rythme de la musique sans vraiment se soucier des autres et surtout de son avenir. Il vivra la nuit et dormira le jour en poursuivant son rêve éveillé. Perdu dans la musique, il est incapable de parler de ses sentiments et de construire quoique se soit. On s’aperçoit très vite que la réalisatrice aime d’un amour inconditionnel ce personnage à qui elle pardonne tout. Il est sans cesse magnifié à l’image du début du film où sa silhouette se dégage du brouillard dans le halo de la lune. Cependant, le spectateur lui, manque d’empathie à son égard ayant du mal à comprendre ses choix et ses motivations dans un récit malheureusement trop souvent elliptique.

Eden : Photo
Copyright Alamode Film

Une réflexion en demi-teinte sur le passage à l’âge adulte.

Bien que se dégage du film une beauté plastique indéniable dans la composition des plans, Mia Hansen-Love (déjà son quatrième film à 34 ans, à venir L’avenir) insuffle à son oeuvre un vent de mélancolie fort attachant mais qui néanmoins fait contraste avec les scènes de clubs qu’on attendaient plus envoûtantes. On ne sait pas sur quel pied danser. Alors que la lumière semblait rassembler les gens sur le plancher de danse en une seule et même famille, les images stroboscopiques viennent faire voler en éclat cette sensation de groupe où la singularité de chacun semble amoindrie. Dès lors, Paul efface son ardoise et le dessin de son ami disparu, une liste de courses le remplacera symbole d’une vie nouvelle à venir et d’une réalité enfin acceptée.

Images léchées et scénario trop paresseux font de ce film, une belle offrande pour les amoureux de cette époque. Les autres passeront malheureusement leur chemin, dubitatifs quant à l’intérêt suscité par le sujet.

Durée: 2h11

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