Japon, 2021
★★★★
Drive My Car est le huitième long-métrage de fiction du cinéaste japonais Ryūsuke Hamaguchi (Wheel of Fortune and Fantasy, Asako I and II, Senses). Connu pour ses scénarios qui abordent souvent des intimités troublées, le nouveau film de Hamaguchi ne fait pas exception.
On y retrouve un metteur en scène de théâtre, Yūsuke Kafuku (Hidetoshi Nishijima) qui lors de la préparation de sa prochaine pièce se fera conduire au studio de répétition par Misaki Watari (Tōko Miura), une jeune femme des plus discrète. C’est à travers leurs discussions quotidiennes en voiture que les deux protagonistes feront connaissance.
Fidèle à lui-même avec des prises de vue d’une grande fluidité, Hamaguchi transporte son auditoire dans une épopée enivrante d’une durée de trois heures. Drive my Car aborde des thèmes sensibles tels que le deuil, la culpabilité et la résilience. On plonge ainsi tête première dans la fragilité humaine au milieu de situations aux notes de crise existentielle.
La signature visuelle du cinéaste est indéniable : elle nous imprègne de la vulnérabilité des personnages par son rythme lent et ses dialogues brillamment amenés. Bien qu’il faille le dire, cette lenteur cinématographique ne captive pas tous cinéphiles. Il s’agit d’un film contemplatif et réfléchi autant dans sa forme que son contenu. Il est ainsi question d’un récit sans grands retournements qui constitue plutôt un enchaînement de péripéties et de réflexions.
Comme son titre l’indique, Drive My Car est (en partie) un road movie qui prend le temps de s’installer. La première partie de l’œuvre se consacre essentiellement à la relation entre Kafuku et sa femme. Par la suite, le film prend une autre direction.
La deuxième partie accorde beaucoup de place à la mise en scène de la nouvelle pièce de théâtre de Kafuku. On retrouve également dans ce deuxième acte la naissance de la relation amicale entre Wataki et Kafuku, celle-ci s’incarnant principalement à travers les longs trajets de voiture. Ce duo est d’ailleurs dépeint avec une justesse incroyable, muni d’une grande sensibilité. Les interprètes Nishijima et Miura sont des plus pertinents dans ce long-métrage. Ils parviennent à illustrer une relation d’amitié complexe, sincère et quasi improbable. Plus ils nous dévoilent leur fragilité, plus on sympathise avec leur histoire et le poids qu’ils portent respectivement.
Après le prix du meilleur scénario à Cannes et le prix du meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes, plusieurs s’attendent à retrouver Drive my Car parmi l’un des grands gagnants lors de la 94e cérémonie des Oscars qui aura lieu le 27 mars prochain (l’œuvre étant nommée dans la catégorie du meilleur film étranger et celle du meilleur film de l’année). Avec son récit bien ficelé, captivant dans toute sa banalité, et sa réflexion intelligente sur le deuil, il ne serait pas surprenant que vous entendiez Drive my Car résonner à plusieurs reprises.
Bande annonce :
Durée : 2h59
Crédit photos : EyeSteelFilm