Entretien avec les comédiennes de Boris sans Béatrice, nouveau film du cinéaste québécois Denis Côté
Vendredi dernier, je me dirige aux jardins Millen, résidences pour personnes âgées se situant à Montréal, pour interviewer le cinéaste québécois Denis Côté concernant son plus récent long métrage Boris sans Béatrice. Filmé en grande partie dans les Cantons-de-l’Est, le tournage du film a été complété ici même à Montréal le 24 août dernier et se retrouve dorénavant en phase de postproduction. Récipiendaire entres autres des prix de mise en scène et d’interprétation masculine au festival de Locarno en 2010, pour Curling, du prix Alfred -Bauer au festival international du film de Berlin et du Bayard d’Or du meilleur scénario au Festival International du film francophone de Namur en 2013, pour Vic + Flo ont vu un ours, Denis Côté signe ici son neuvième long métrage.
Le synopsis du film va comme suit: Quelque part dans le Québec d’aujourd’hui, Boris Malinowski (James Hyndman) a atteint tous ses buts. Esprit fort, libéral et orgueilleux, il ne manque pas d’une certaine arrogance par rapport à ses réussites. Depuis un temps, sa femme Béatrice (Simone-Élise Girard), Ministre au Gouvernement du Canada, est clouée au lit victime d’une mystérieuse maladie. Pour fuir son tourment, Boris entretient une relation avec une collègue, Helga (Dounia Sichov), et se rapproche de la jeune domestique de la maison, Klara (Isolda Dychauk). L’apparition soudaine d’un inconnu (Denis Lavant) obligera Boris à se confronter au monde, à ses acquis et à ses certitudes.
Malgré mes bonnes intentions et ma solide préparation, je n’ai pu côtoyer le réalisateur en raison de sa mauvaise humeur cette journée-là et par conséquent, les entrevues ont été réservées aux plus gros médias seulement. En outre, j’ai raté l’occasion de poser mes questions à James Hyndman, acteur principal du long métrage, qui a préféré faire une sieste (moi aussi j’aurais fait une sieste). Croyant que ma journée était fichue, j’ai tout de même réussi à recueillir les commentaires de trois comédiennes du film: Simone-Élise Girard, Douina Sichov et Louise Laprade qui ont sauvé mon reportage en répondant à mes questions tout en gardant le sourire ( et moi je l’ai retrouvé).
Des comédiennes fortement impressionnées par Denis Côté
Elles en sont toutes à leurs premières expériences avec Denis Côté et chacune de ces demoiselles en est très impressionnée par l’exécution de l’homme derrière la caméra: « C’est quelqu’un qui sait exactement ce qu’il veut et qui a une vision précise et incroyable » dit Simone-Élise. Elle rajoute également, que c’est la première fois de sa carrière qu’elle travaille avec un réalisateur qui a autant le sens de la préparation, « nous n’étions jamais en retard dans nos horaires. » Selon l’interprète féminine, ce plus récent long métrage sera beaucoup plus accessible pour le public, mais comportera tout de même la touche expérimentale qui a permis la reconnaissance du réalisateur dans le milieu septième art.
Aussi dans les coulisses du tournage, l’actrice française Douina Sichov, en était également à sa première expérience avec cet homme bien connu pour son franc-parler, mais aussi avec un cinéaste québécois. Elle apprécie beaucoup ce changement de décor et aimerait travailler avec d’autres réalisateurs de la belle province éventuellement. Elle admire particulièrement la « distance humoristique » des films de Côté, Curling plus précisément, et elle en conclut « qu’on ne se retrouve jamais dans l’évident » quand il est question du travail du cinéaste le plus tatoué au Québec.
Je me suis également entretenu avec Louise Laprade qui incarne la mère de Boris vivant dans une maison de campagne. En plus de travailler pour la première fois avec l’artisan de Carcasses (2009), elle fait aussi sa première apparition sur un tournage. Sa transition au cinéma est quelque chose de totalement nouveau pour elle, contrairement à son travail au théâtre. Surprise par l’attention médiatique, elle n’a d’ailleurs jamais été dans un reportage de plateau avant aujourd’hui. « Le théâtre et le cinéma sont deux formes d’arts qui ne se comparent pas » selon elle.
Intrigué par leur relation avec Denis Côté, j’ai demandé aux trois comédiennes quel était leur film préféré du réalisateur en question; Douina et Louise ont chacune répondu Bestiaire (2012), également le plus grand succès international de l’ancien étudiant du collège Ahunstic , parce que c’est un objet d’art unique et lyrique tandis que Simone a choisi Vic + Flo ont vu un ours pour son esthétique et son originalité ( elle n’a pas vu Bestiaire ).
Quant à leurs prochains projets, Douina Sichov retourne en France après le présent tournage, Louise Laprade jouera dans une pièce qui s’intitule Five Kings, écrite par Olivier Kemeid et mise en scène par Frédéric Dubois qui durera cinq heures dans l’ensemble! Tandis que Simone-Élise Girard continuera d’enchaîner les épisodes dans la populaire série Unité 9.
Boris sans Béatrice sera distribué au Québec par K-Films et prendra l’affiche au courant de l’année 2016.