Challengers : Une partie de tennis électrique où tous les coups sont permis

États-Unis, 2024
★★★★1/2

Annoncée initialement pour septembre 2023, la sortie du film Challengers de Luca Guadagnino s’est vue finalement repoussée en raison de la grève des artistes SAG-AFTRA. Pour les fanatiques du réalisateur, l’attente fut longue et pénible compte tenu de la distribution prometteuse comprenant Zendaya, Josh O’Connor et Mike Faist en tête d’affiche. Mais enfin, il est bel et bien arrivé, disponible en salles et plus intense que l’on aurait pu imaginer.

Triangle amoureux enivrant

Challengers suit le parcours de trois vedettes du tennis : Tashi Duncan (Zendaya), Art Donaldson (Mike Faist) et Patrick Zweig (Josh O’Connor). En temps réel, Tashi et Art forment un couple et ont une petite fille, Lily. Après une blessure importante, la joueuse s’est réinventée et est devenue l’entraîneuse de son mari. Art lui, devenu professionnel, commence à s’essouffler et gravite autour de l’idée de la retraite. Patrick de son côté, a vu des jours meilleurs : il compte sur les maigres revenus que lui rapportent les tournois occasionnels auxquels il participe et dort dans son véhicule. Anciens amis et partenaires de jeu, les hommes se retrouveront après maintes années dans le cadre d’un tournoi, le « Challenger », où ils s’affronteront.

Le récit alterne ensuite entre le présent et le passé à la vitesse de l’éclair, mentionnons-le. Malgré la confusion que peut provoquer ces sauts temporels rapides et nombreux, on découvre graduellement la complexité de la dynamique du trio qui s’inscrit indéniablement comme un triangle amoureux.

Tension montante et sueur à profusion

Zendaya est magnétique dans son rôle d’athlète ambitieuse (on a d’ailleurs d’yeux que pour elle). Tashi, cette bête de performance ne recule devant rien pour la victoire : cette froideur dans ses intentions assumées, la place en position de pouvoir face aux deux hommes qui la vénèrent littéralement. Pour sa part, Art est plus discret et calculé tandis que Patrick est espiègle et franc. Leur chimie à trois est bouillante, passionnelle et surtout transformative au fil des années : ils se passent la balle sur le terrain comme en amour et en amitié.

On reconnaît le cinéma de Guadagnino avec son goût pour les images chaudes aux couleurs vivantes et aux textures glorifiées. Les corps, musclés et la peau incandescente où les gouttes de sueur perlent en reflétant la lumière sont mis de l’avant. Leur importance est capitale, vu le sport pratiqué. Comme une valse bien chorégraphiée, les corps bougent sous le rythme électronique d’une musique omniprésente qui nous habite jusqu’à l’os (surtout si vous le voyez en Imax). Cette ambiance sonore ajoutée aux mouvements de caméra audacieux, dynamisent les échanges de tennis qui auraient autrement pu être répétitifs et ennuyeux : on ressent énormément le plaisir dans la forme.

Challengers est une véritable expérience sensorielle et émotionnelle qui nous porte dans une partie autant sportive qu’humaine. On exploite la sensualité sous le signe du jeu et de l’échange : le tennis est utilisé comme vecteur servant à exhiber les rapports compétitifs et alambiqués des personnages. C’est un film grisant qui ne nous laisse pas le temps de se détendre complètement, dans le bon sens du terme. Malgré ses quelques longueurs, on peut le placer dans la catégorie de chef d’œuvre.

***

Durée :  2h11
Crédit photos : MGM, Pascal Pictures

 

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