Bande de Filles

Même si elle est maladroite par moment, une autre oeuvre réussie pour Céline Sciamma.   ♥♥♥½

La réalisatrice française Céline Sciamma a toujours un talent particulier pour capter les troubles et les moments charniers de l’enfance et de l’adolescence dans ses films. Dans Naissance des Pieuvres autant que dans Tomboy, elle réussit admirablement a présenté l’ambiguïté identitaire des jeunes adolescents, autant sexuelle que sociale ou personnelle. Film après film, elle pose la question: comment faire sa place dans son environnement, quand celui-ci nous dépasse, nous étouffe ou nous intimide.

Dans Bande de Filles, Celine Sciamma braque sa caméra sur Marieme, une jeune adolescente noire vivant en cité à Paris. Renfermée et timide, bloquée par un grand frère ultra protecteur et au comportement instable, elle se liera d’amitié avec une bande de trois filles menée par la populaire et intense Lady. Apprenant intensément le contact amical et affectif, gagnant en confiance en elle, elle sera rapidement hors de contrôle par des rencontres inquiétantes et un changement de mode vie inattendu.

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Le portait de Marlene et ses amis est admirable; comme dans Naissance des Pieuvres, voire dans La Haine de Mathieu Kassovitz, le portrait de la jeunesse errante, incomprise, est très bien réussie. On traîne dans le train, à l’école, à l’hôtel, sans grand but. Par contre, les ambitions et les idées ne manquent pas, suffit que l’on creuse. Derrière des personnalités dures et un caractère fort se cache une bande de filles sensibles, allumées, intense. Certains des meilleurs moments du film se situent lors de  séquences quasi vidéoclip ponctuées ça et là dans le récit (le climax arrivant sur la chanson Diamonds de Rhianna).

Si l’arrivée de Marieme dans la Bande de Filles est magnifiquement présentée, l’évolution du personnage est pour le moins perplexe par la suite. Rapidement dépassée par les événements, elle fera des choix pour le moins inusités au niveau de son comportement avec sa famille, ses amis et ses fréquentations. Tombant trop rapidement dans les situations de drame intense (Sexe, Drogue & Rock & Roll), la réalisatrice focus trop sur l’intensité dramatique et le récit perd au niveau du réalisme. Rapidement, l’auteure comme le spectateur sont pris au dépourvu par l’évolution des événements du récit.

Il en demeure néanmoins un film sympathique, les quelques maladresses n’entachant pas trop le plaisir de l’ensemble. La filmographie de Céline Sciamma continue ainsi à progresser de façon cohérente sur des sujets sensibles toujours bien abordés. On continuera ainsi d’attendre ses prochaines oeuvres.

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