Une illustration sensible d’une problématique insolvable en un tour de force humble. ♥♥♥½
Hannah, une femme juive rescapée d’Auschwitz, mariée à un musulman dans le quartier palestinien de Jaffa, sorte d’enclave oubliée dans la banlieue sud de Tel-Aviv, est morte. Yael, jeune journaliste, est décidée à faire enquête pour comprendre cette disparition. Petit à petit, à force de rencontres avec les proches d’Hannah et les habitants du quartier, sa fascination pour l’histoire de ce couple mixte et de cette communauté où Juifs et Arabes coexistent pacifiquement grandit.
À travers 80 minutes et un plan-séquence d’une fluidité et d’une humilité remarquable, le vénérable Amos Gitaï nous entraine à la rencontre de deux cultures historiquement opposées qui vivent en paix et en harmonie dans leur petit coin de pays. En faisant valser sa caméra dans le cercle fermé de quelques habitants atypiques, Gitai nous invitent à découvrir ces personnages hétéroclites plus attachants les uns que les autres. Hommages aux habitants et aux cultures, le film apporte un message émouvant et sensible pour l’entente et l’harmonie dans une région du monde où ces deux valeurs sont difficiles à imaginer.
Rapidement, on oublie que le tout est filmé en un plan-séquence tant celui-ci est sobre et discret; remarquable dans l’illustration de la découverte des lieues, des personnages et de la rencontre des cultures, il ne fait que ce à quoi il est nécessaire et rien de plus. Rosselini disait que le cinéaste ne doit pas se prendre plus au sérieux que ce qu’il filme. Dans Ana Arabia, Gitai reste humble dans sa virtuosité. Il se met au service de ces hommes et (surtout) ces femmes, véritables maîtresses des lieux, pleines de courage et de force de caractère. Inspiré de l’histoire vraie d’une juive convertie à l’Islam pour pouvoir épouser un Arabe, on le sent simplement au service d’une histoire l’ayant touché. Un autre bon coup dans la besace du réalisateur israélien.